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Photo du rédacteurJacques Warmel

La bière sans alcool...

Dès les années 70, la brasserie Goudale a osé la bière sans alcool en France

La bière sans alcool a désormais trouvé sa place sur le marché français. Mais dans les années 1970, elle n'était pas vraiment à la mode. Pourtant, à l'époque, une entreprise n'a pas hésité à se lancer pour proposer la Celta : la brasserie Goudale. "La France Bouge" retrace son histoire.

C'est l'une des rares brasseries à fabriquer et à vendre de la bière sans alcool en France… et ce depuis cinquante ans. La France Bouge vous raconte la saga de la brasserie Goudale, pionnière de cette boisson désormais à la mode, mais qui était bien loin de l'être il y a quelques dizaines d'années.

"On la servait beaucoup dans les usines"

C'est sur les terres du nord de la France que démarre l'aventure, à Douai, non loin de Lens, dans l'Entre-deux-Guerres. Quatre brasseurs mettent leurs économies en commun pour créer la Brasserie des Enfants de Gayant, un nom en référence aux géants de Gayant, symbole de la ville. A l'époque, ils vendent leurs litrons de bière en les livrant à domicile.

Dans les années 50, l'entreprise est rachetée et se lance dans des bières de spécialité, jusqu'en 1970. Là, elle fait partie des premiers à investir le marché de la bière… sans alcool, en commercialisant la Celta. Un pari osé, à une époque et dans une région où les boissons alcoolisées n'avaient pas vraiment la cote.

"On la servait beaucoup dans les distributeurs automatiques de boissons dans les usines", explique André Pecqueur, PDG de la brasserie Goudale et de celle de Saint-Omer, qui a racheté la brasserie Gayant il y a dix ans. "Comme ça, il n'y avait pas d'alcool dans l'usine, mais les gens pouvaient boire une bière."

"La bière était bonne mais ne sentait pas la vraie bière"

Cinquante ans après, la bière existe toujours, mais a connu beaucoup d'améliorations pour des clients au goût plus affirmé. "Notre patron, c'est le consommateur", martèle André Pecqueur. "Le client, aujourd'hui, veut du zéro alcool avec des qualités. Il y a dix ou quinze ans, la bière sans alcool était bonne, mais ça ne sentait pas la vraie bière. Tandis qu'aujourd'hui, nous réussissons à faire des bières sans alcool qui ressemblent pratiquement aux bières alcoolisées."

Car faire une bonne bière, c'est comme faire un bon plat : cela demande quelques ingrédients secrets, beaucoup de patience et de nombreux essais avant d'arriver au bon dosage et au goût recherché. "On va mettre tel ingrédient et tel ingrédient, on va faire fermenter, on va la mettre en garde, comme une bière normale et après, on va déguster", détaille le PDG. "Mais on réussit jamais au premier coup. Il faut faire quatre, cinq ou six brassins parfois", pour trouver "le petit défaut" ou "la belle qualité" de la bière. "C'est passionnant."

180 millions d'investissements en cinq ans pour de nouvelles bières

Toujours soucieuse de s'améliorer, l'entreprise sort désormais deux ou trois nouvelles bières par an - elle y a consacré 180 millions sur cinq ans. "Quelquefois, les gens me disent : 'Mais vous êtes fous d'investir alors qu'on n'a pas le moral'. Mais depuis 50 ans que je travaille, j'ai toujours investi, même quand ça ne marchait pas", sourit André Pecqueur. "Il faut croire en la vie, en l'avenir. Il faut avoir la passion et se dire que demain matin, dans six mois, dans un an, ça va repartir. Et celui qui aura arrêté d'investir, il sera condamné."

D'autant plus que le marché est en pleine extension, avec un produit qui a gagné ses lettres de noblesse ces dernières années. "Avant, les gens n'osaient pas offrir un verre de bière parce que c'était vous prendre pour un minable", se souvient le PDG. "Aujourd'hui, quand on dit : 'Veux-tu une coupe de champagne ou une bière ?', 50% des gens répondent : 'Ah si tu as une une bonne bière, je prends une bière'."

Résultat : l'entreprise ne connaît pas la crise, avec une croissance de plus de 30% en 2020 et un chiffre d'affaires de 370 millions d'euros. Elle vient de sortir une bière version Magnum et deux nouvelles bières : Goudale et Saint-Omer… sans alcool.


10 avril 2021, l'articles de presse rassemblés et relayés par Patrice LEVANNIER



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